#3- POURQUOI CONSOMMER LOCAL ?

Sur les étals des supermarchés, des produits à profusion toute l'année. Ces produits ont voyagé au-delà des frontières pour satisfaire des consommateurs. Mais ces produits sont-ils bons pour la santé et la planète ? Par qui et comment ont-ils été produits ? Avec quelles normes sociales ?
Les rapports scientifiques alarmants sur le dérèglement climatique, la récente demande d'urgence écologique par les jeunes, et les nouvelles contraintes dues à la pandémie et ses confinements successifs, semblent redistribuer les cartes. En tout cas, faire bouger les lignes. Des jeunes entrepreneurs respectueux de l'environnement, des collectivités territoriales nouvellement converties, et une forme de pression politique sont autant d'éléments montrant qu'une prise de conscience grandissante est en marche.
On considère qu’une personne mange "local" lorsqu’elle consomme des produits et des aliments qui proviennent d’un rayon de 100 à 250 kilomètres maximum autour d’elle. Cependant, il y a aujourd’hui plusieurs façons de consommer local. En effet, il est possible de privilégier des produits et des aliments issus d’une région donnée, à échelle régionale ou de consommer des produits français, à échelle territoriale.
Pourquoi consommer local ?
1- C'est bon pour la santé ! Dans la très grande majorité des cas, ces produits locaux sont sains et leurs producteurs amoureux de leur travail respectent un cahier des charges : pesticides et produits chimiques n'ont pas leur place.
2- Un impact nettement réduit sur l'environnement ! Pas de produits chimiques, et des aliments qui parcourent quelques dizaines de kilomètres au lieu de quelques milliers, donc pas de pétrole dans le bilan !
3- Au moins, on sait d'où ça vient et ce sont des produits de qualité ! Les produits locaux proviennent d'une exploitation agricole ou artisanale de moins de 250 km ou de la région. Il est facile de s'y rendre. Les exploitants sont des personnes agréables, et amoureuses de leur travail. Des relations et des échanges forts sont souvent noués.
4- L'économie locale, c'est soutenir nos artisans et nos commerçants plutôt que des grands groupes multinationaux dont le premier objectif est la rentabilité financière pour des actionnaires hors-sol ! Savez-vous que 500 centres-villes français souffrent durement de la désertification. Des grandes surfaces en proche périphérie ont vidé l'activité commerciale, sociale et conviviale des centres-villes à cause des politiques publiques menées depuis 50 ans. Bilan : des dizaines et des dizaines de rideaux fermés, des rues désertes, un sentiment d'insécurité, du bâti qui se dégrade, un chômage qui dure... Une nouvelle approche est urgente.
5- Consommer local, est-ce forcément plus cher ? Bien au contraire ! D'abord, comparer des produits différents tant dans leur qualité, que leur mode de production et leur origine est impossible. Ensuite, toutes les études montrent que faire ses courses en centre-ville et sur le marché coûte moins cher que de les faire en grandes surfaces (plusieurs raisons dont la principale : on achète moins de produits inutiles ! On va à l'essentiel)
6- Réduire le gaspillage alimentaire ! Savoir que les fruits et légumes sont calibrés avant d'être conditionnés, d'où une perte énorme de produits. La surabondance des produits dans les grandes surfaces entrainent beaucoup d'invendus, d'où un gaspillage alimentaire estimé à 10 tonnes par an en France, soit 30 kg par jour par habitant...
Faire ses courses de produits locaux dans les centres-villes et ses commerçants de proximité, c'est aider la filière locale, les emplois locaux (artisans producteurs et commerçants) donc les emplois de nos enfants ; c'est manger sain ; c'est prendre conscience de la finitude de la planète et vouloir changer de modèle économique pour plus de proximité, plus de responsabilité et plus de solidarité.
Luc Patentreger - 10 mai 2021

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#2 – POUR UNE EXCEPTION ALIMENTAIRE

« Que ton aliment soit ta seule médecine », « tu es ce que tu manges » - Hippocrate.

 

Obésité ou surpoids pour la moitié de la population dans les pays développés, famine pour 200 millions de personnes à travers le monde, malnutrition et maladies pour tout le monde. Que s’est-il passé pour en être arrivé à cette incroyable situation ? 

 

Plusieurs causes sont mises en avant par la plupart des études : l’industrie agroalimentaire mondialisée pour plus de profit, mais surtout plus de pollution ; la surconsommation de tout et du tout de suite entrainant une surproduction qui nécessite une course effrénée à la chimie ; un matraquage publicitaire et marketing entrainant une perte des repères alimentaires ancestraux de bon sens…

 

Est-il encore possible d’inverser une tendance mortifère ? Il le faut, mais le chemin est parsemé d’embuches. Pour retrouver une alimentation saine et tout son écosystème, il faut un changement radical dans le système production/consommation et décréter l’exception alimentaire. À l’instar du prix unique du livre initié par la loi Lang il y a 40 ans - qui fait de la France une exception culturelle, loi copiée par plusieurs pays européens - une exception alimentaire s’impose comme un droit universel pour l’accès à l’alimentation de bonne qualité et pour tous.

 

Il faudra alors agir sur trois leviers :

Le programme Lascaux des chercheurs en agroalimentaire préconise de construire une exception alimentaire sur le modèle de l’exception culturelle. Il s’agit de penser un dispositif qui légitime à nouveau le pouvoir des États et des collectivités de mettre en œuvre des politiques agricoles et alimentaires détachées des seules exigences des marchés internationaux selon Thomas Bréger et François Collart. Faire évoluer le Droit commercial international par l’Union Européenne permettrait à chaque pays d’assurer la sécurité alimentaire de ses habitants.

 

En France : l’élection présidentielle approche et il serait intéressant d’observer lequel des candidats proposera l’exception alimentaire et les moyens pour y arriver.

 

À La Seyne dans les années 50, le maraichage était le deuxième employeur de la ville (1500 personnes vivaient de cette activité) derrière les Chantiers Navals.  Les politiques d’urbanisme de Gauche et de Droite des 70 dernières années se sont servies des réserves foncières agricoles pour la spéculation immobilière. La ville est passée de 25.000 à 70.000 habitants, soit quasiment le triple. Hors forêts, 90% du territoire seynois est urbanisé, c’est-à-dire bitumé et bétonné. Des grandes surfaces en proche périphérie, voire au cœur de la ville, ont poussé comme des champignons en dépassant largement la moyenne nationale. D’autres sont pourtant programmées. Ces politiques du court terme ont contribué à détruire le commerce de proximité, à vider le marché provençal, à appauvrir l’offre commerciale, à uniformiser la ville, à participer aux pollutions des sols et de la mer… 

 

Aujourd’hui, les politiciens découvrent l’ampleur des dégâts, l’étendue des catastrophes écologiques, mais continuent de rester frileux, ou aveugles, sur les nécessaires politiques à mener. Le saupoudrage et les actions cosmétiques ne suffiront plus.

Au niveau local, avec ou sans les politiques mondiales ou nationales, il est possible de transformer les choses :

  • Instauration d’une monnaie locale (SEL…) ;
  • Soutien à l’écoagriculture et à l’agriculture urbaine, au commerce de proximité avec un investissement conséquent des collectivités locales et de l’État dans cette politique de reconquête ;
  • Dé-bitumer et dé-bétonner les sols pour les remplacer par des jardins solidaires et tout l’écosystème qui va avec afin de favoriser l’indispensable biodiversité ;
  • Promotion des artisans et des producteurs locaux par la municipalité (produits locaux sains aux prix abordables car les intermédiaires sont supprimés) ;
  • Organisation de circuits courts par territoires ou bassins de vie avec l’autosuffisance, la qualité, les prix uniques des produits comme objectifs majeurs ;
  • Prix unique des produits locaux : pour un même produit, le prix est identique sur le marché, dans les boutiques ou dans les grandes surfaces ;
  • Pédagogie, communication, information, participation, ateliers… ;
  • Et toute autre initiative allant dans ce sens, en favorisant la citoyenneté et la co-construction de projets locaux.

 

L’exception alimentaire n’est pas qu’une utopie. Qui aurait cru il y a 40 ans qu’une simple loi sur le prix unique du livre aurait permis la sauvegarde d’une économie devenue essentielle ? Qui aurait cru il y a 30 ans que le tri sélectif serait devenu un geste du quotidien ? Qui aurait cru il y a 20 ans que la réduction du temps de travail ferait partie de la normalité dans le travail ? Qui aurait cru il y a 10 ans que l’économie décarbonée serait une priorité dans la lutte contre le dérèglement climatique ? Qui aurait cru l’année dernière que le commerce de proximité serait plébiscité par les Français ? L’exception alimentaire doit faire partie de ces combats essentiels pour notre humanité.

 

L’exception doit devenir la règle. 

 

Luc Patentreger – 28 février 2021

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#1- PRIX UNIQUE DU LIVRE

La France fête les 40 ans de la loi Lang sur le prix unique du livre

 

Petit retour : la Gauche socialiste vient d’arriver au pouvoir en mai 81. Jack Lang lance une de ses premières grandes réformes culturelles : en juillet de la même année, la loi du prix unique du livre est adoptée, malgré l’obstruction de la Droite et surtout des grandes surfaces comme Leclerc et plus étonnant la FNAC pourtant créée par un trotskiste… 

 

Après quelques ajustements pour éviter une inflation des prix du livre, les libraires indépendants ont pu survivre et faire partager sur tout le territoire français la connaissance et le plaisir de lire. Les grandes surfaces ont dû pratiquer le même prix. Malgré les alternances politiques depuis 40 ans, la loi n’a jamais été remise en cause, faisant même aux yeux des étrangers office d’exception culturelle à la française. De nombreux pays européens ont emboité le pas.

 

Aujourd’hui, malgré les politiques d’ouvertures massives de grandes surfaces organisées par la Droite et la Gauche, dépeuplant les activités commerciales de la plupart des centres-villes, l’idée du commerce local revient. Une prise de conscience citoyenne et maintenant suivie par les pouvoirs publics se fait entendre. 

 

Aujourd’hui, malgré la pandémie, et même si un français sur deux ne lit pas, les librairies indépendantes sont considérées par la population et les pouvoirs publics depuis le décret du 25 février 2021 comme essentielles.

 

Aujourd’hui, malgré le mastodonte Amazon et autres géants de la vente en ligne, les librairies indépendantes résistent, et de nouvelles se créent. L’activité est en pleine expansion.

 

Depuis 40 ans, grâce à cette loi, les auteurs sont protégés et encouragés – des milliers de livres sortent chaque année ; les éditeurs continuent de promouvoir des livres les plus divers - ce qui fait aussi la spécificité française ; les libraires proposent au cœur même des villes ces ouvrages ; les particuliers achètent et dévorent les livres, même si les Français ne sont pas de grands lecteurs. Le tout engendrant une forme d’exception à la française. Le tout créant une économie et des emplois.

 

En France, il existe 3.500 librairies indépendantes. Soit environ une pour 20.000 habitants. À La Seyne-sur-mer, la société Charlemagne est la seule structure proposant une offre intéressante de livres avec les conseils appropriés. Sans compter les 5 points presse et les grandes surfaces qui exposent des livres. Il y manque donc deux à trois librairies indépendantes, mais aussi un cinéma, un théâtre, des salles d’expositions, des salles de spectacles. La Seyne-sur-mer est l’exception culturelle à l’exception culturelle française ! 

 

La France fête les 40 ans du prix unique du livre. À La Seyne-sur-mer, et même si cela dépasse le seul prix unique du livre, l’heure d’un new deal culturel s’impose. Une nécessité. Une urgence. Des pistes existent, mais il faut avoir la volonté, savoir s’en saisir et aussi faire preuve d’innovation.

 

Luc Patentreger – 24 février 2021

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